Une inscription urbaine

« Les constructions devront être édifiées en recul ou en limite des voies ouvertes à la circulation de telle façon qu'elles respectent la physionomie dominante de la rue »

Cette mention du PLU a orienté notre choix : un bâtiment compact à 3 étages implanté en tête de parcelle, en limite de la rue, conformément aux édifices voisins et mitoyens.

Les fronts bâtis, les rues et leurs alignements sont les éléments constitutifs de la fragile « urbanité » de Longuyon. La tentation est parfois grande de perméabiliser mais aussi de désagréger cette structure urbaine. Les cœurs d’îlot sont par principe des espaces privilégiés, préservés et notre projet tient à conserver, à reconstruire ce statut en recréant l'alignement sur la rue Albert Lebrun dans la continuité de l'école. La question du de la mitoyenneté et du rapport entre les deux bâtiments se veut démonstratif d'une cohabitation de deux architectures affirmées de deux époques différentes.

Notre implantation libère la quasi totalité de la parcelle pour le grand parking de 85 places nécesaire au fonctionnement de la maison de santé. Mais ce vide pourra peut être un jour devenir une dilatation ou une entrée vers les berges réaménagées de la Crusnes. Et pourquoi pas offrir le lieu d'un nouveau franchissement piéton de la rivière qui mettrait en place un lien direct entre la gare et le centre ville ?

Rapprocher donc unifier

La principale particularité de notre projet tient dans le choix d'un bâtiment compact : Moins étalé et à peine plus haut que la proposition du programme.

Le PLU impose une hauteur maximale constructible de 10m. A priori cela sous-entend donc un maximum de 3 niveaux (R+2). Cependant cette hauteur est spécifiée à l'égout, la toiture peut donc s'élever au delà des 10m et cette toiture peut par ailleurs être occupée comme un comble aménagé.

Nous avons donc choisi d'organiser notre bâtiment sur 4 niveaux : 3 étages classiques et le dernier niveau réparti dans la toiture à la manière d'un comble mansardé. La typologie du « mansard » nous est apparue comme évidente etparfaitement ancrée localement au regard des constructions existantes dans le centre ville de Longuyon.

La composition de la toiture a une grande importance dans l'architecture de notre projet. La mise en place de vides (les 3 terrasses) offre une relecture de la massive et traditionnelle toiture mansardée. Ces vides redonnent aux pleins une échelle humaine, quasi domestique et dessinent sur ce toit 3 petites « maisons » clairement identifiables :

la maison de la communauté de commune

la salle de réunion

l'appartement

Le programme médical se répartit donc sur 3 niveaux organisés de manière très simple :

au rez de chaussée : les kinésithérapeutes

au 1er étage : les professions médicales

au 2e étage : les professions paramédicales

Construire « compact » : un choix raisonné

Une volumétrie compacte offre de nombreux avantages

économie financière : moins de structure en minimisant l'étalement au sol et les fondations. Un m² d'étage courant est toujours bien moins cher qu'un m² supplémentaire d'emprise au sol, de même moins de surfaces de façades, de toitures et d'isolants. De plus puisqu'un ascenseur est indispensable pour 2 étages , il s'avère interessant de le rentabiliser en l'utilisant pour un niveau supplémentaire.

optimisation thermique : moins de surface de façade et de toiture donc moins de déperditions thermique. Et dans notre cas précis, moins de linéaire de dalle basse sur vide extérieur. Un batiment sur pilotis semblait inévitable à cause du parking qui occupe la quasi totalité de la surface de la parcelle. Mais ce type de dalles surélevées sont doublement néfastes d'un point de vue thermique car elles engendrent de fortes surfaces de déperditions supplémentaires et se privent de l'inertie thermique du sol, bénéfique pour tempérer le bâtiment.

fluidité et proximité des circulations : moins de couloirs, moins de distance à parcourir. La compacité du plan permet de réunir toutes les circulations au cœur de l'édifice et créer ainsi une véritable centralité où chaque praticien se trouve à moins de 15m de la distribution verticale : (ascenseur et escalier)

un rapport privilégié au paysage lointain depuis le dernier niveau. Longuyon est installé dans une « cuvette » topographique. Ce centre urbain est ceinturé par des coteaux végétalisés qui offrent de très belles vues depuis le bâtiment. Et inversement, ces coteaux offriront des vues directes sur le bâtiment et sur sa cinquième façade : la toiture

L'édifice est donc un volume épais, massif. Mais cette masse est creusée, excavée en son cœur pour permettre à la lumière de pénétrer et de descendre jusqu'au rez de chaussée. Ce vide est la respiration généreuse et nécessaire au fonctionnement du système interne.

Rien ne permet de deviner que cet édifice massif et sobre referme en son cœur un espace singulier et baigné de lumière : le grand atrium

Ce grand vide qui se développe sur toute la hauteur du bâtiment permet de mettre en lumière et de lier l'ensemble des espaces du programme.

La composition est concentrique :

au cœur le vide

puis le filtre bois qui forme les façades du grand vide tout en répondant aux fonctions de garde corps et de filtre visuel et intimiste d'un balcon à l'autre

puis les coursives qui accueillent les circulations et les espaces d'attente

puis le mur béton : enceinte massive et structurelle qui délimite la frontière vers les espaces spécifiques

puis les cabinets médicaux : espaces indépendants, intimes et fonctionnels

et pour finir l'enveloppe : thermique et protectrice

De la matière et des espaces

Vu de l'extérieur, ce nouvel équipement intercommunal est habillé d'un manteau lisse, continu qui enveloppe à la fois façades et toitures. Cette peau unique est constituée d'écailles en aluminium thermolaqué de ton blanc, évoquant le sentiment de pureté, de clarté, de précision,propredu milieu médical .

Le matériau bois apparaît de manière subtile à travers les poteaux du porche, les châssis de fenêtres et les façades latérales des « maisons » sur le toit.

Cette ponctuation commence ainsi à suggérer l'étonnante intériorité. Car au cœur de la masse se trouve quelque chose qui balaye toutes les références habituelles du milieu médical : l'Atrium et la présence affirmée de matériaux brut et nobles: le bois et le béton.

Nous pensons qu'il est urgent et fondamental d'améliorer, de valoriser et de « dé-stigmatiser » le caractère architectural des équipements médico-sociaux, qu'il ne faut pas confondre avec les espaces très spécifiques et aseptisés du milieu hospitalier proprement dit.

Le registre convenu des matériaux PVC, des faux plafonds démontables, des couleurs ternes, de la non matérialité ont contribué depuis des années à nuire à l'image de l'univers médical. Nous pensons que les professionnels de santé et leurs patients souhaitent d'avantage pratiquer une architecture accueillante et réconfortante. Lumière naturelle, matériaux sains, qualité des parcours, relations entre intérieurs et extérieurs, etc.. tous ces élèments doivent être finement étudiés.

Cependant nous sommes tout à fait conscients des exigences en terme d'entretien et de maintenance d'une maison de santé collective. Ces conditions sont intégrées à la base de notre travail car nous savons que la première qualité d'une architecture doit être sa fonctionnalité et la praticité de son usage.

Structurer pour optimiser

L'édifice proposé est organisé selon une structure claire et très classique : atrium, coursives et locaux périphériques. Cette simplicité permettra aux utilisateurs de moduler et d'ajuster sans problème leurs activités aux espaces.

De plus cela offre au bâtiment une réversibilité, c'est à dire la capacité de pouvoir s'adapter à une évolution des usages et à une multitude de programmes (logements, bureaux, hôtel, commerces..). Et anticiper ainsi sur une reconversion, une requalification évidente car on considère aujourd'hui qu'un bâtiment doit avoir plusieurs vies.

Ce point particulier qui peut paraître lointain est pourtant primordial. Cela est certainement la principale responsabilité de notre pratique d'architecte : concevoir des bâtiments véritablement pérennes et atemporel, inscrit dans le tissu urbain pour être vécu par nos enfants, leurs enfants et les enfants de leurs enfants...

Architectes

Christophe Aubertin (architecte mandataire)

Benoît Sindt (architecte associé)

Programme

Maison de santé – bureaux de Communauté de communes

Mission

Concours

Maitre d'ouvrage

Public – Communauté de communes Terre Lorraine du Longuyonnais

Montant des travaux

2,7 M€ HT

Surface

1 500 m²

Rôle

Architecte mandataire

Statut

Concours non lauréat