Le projet consiste en la restauration des ensembles menuisés de l’Unité d’Habitation de Briey, en Meurthe-et-Moselle. L’édifice est une œuvre de l’architecte Le Corbusier, construite en 1959-1960 et inscrite au titre des Monuments Historiques. L’état sanitaire préoccupant d’un certain nombre d’ensembles s’explique du fait de l’absence de campagne de restauration des menuiseries extérieures depuis la construction de l’édifice à ce jour.
Dans le cadre de la restauration des ensembles menuisés de l’Unité d’Habitation de Briey, deux opérations ont été menés de front. La première est un processus individuel concernant la restauration des menuiseries extérieures d’un appartement pilote qui nécessitait une intervention d’urgence. La deuxième est un diagnostic général, étendu à la totalité des ensembles menuisés de la copropriété.
Ce travail a été poursuivi par une étude de diagnostic des ensembles menuisés à l’échelle de la copropriété. Les travaux concernant l’appartement pilote ont permis de confirmer ou de requestionner certaines hypothèses de mise en œuvre.
Compte-tenu de la forte valeur patrimoniale de l’édifice et de l’état hétérogène des châssis lié au statut de copropriété, il était essentiel de pouvoir proposer un diagnostic à la fenêtre, basé sur une approche méthodique et systémique.Cette méthodologie a fait l’objet d’un travail singulier. Les propositions d’interventions graduelles et appropriés à chaque ensemble menuisé en découlent. Des remplacements partiels ont été proposés pour les ensembles menuisés qui le permettent.Par ce biais, l’objectif est de préserver l’authenticité de l’édifice en offrant également la possibilité aux copropriétaires de choisir le degré d’intervention qui leur convient et dans quels termes, au regard de leurs contraintes économiques propres.
L’ensemble des interventions projetées vise une restitution des dispositions initiales des châssis. Nombreux sont les ensembles menuisés qui ont connu des transformations visuelles, souvent intérieures, parfois extérieures.
L’enjeu environnemental est également l’un des axes de travail majeur de ce projet. Aujourd’hui, la plupart des ensembles menuisés n’assurent plus entièrement leur rôle d’étanchéité à l’air et sont à l’origine d’importantes déperditions énergétiques. Dans le cas de l’Unité d’Habitation, la part importante de la façade représentée par les châssis vitrés représente une réelle opportunité de réaliser une amélioration climatique sans avoir recours à des travaux qui dénatureraient l’édifice, tels qu’une isolation par l’extérieur par exemple.
Le projet convoque le savoir-faire de l’artisanat local via la création neuve d’ensembles menuisés qui avaient eux-mêmes fait l’objet d’une réalisation sur-mesure, en y intégrant un système de doubles vitrages minces.
Il vise également à mettre en avant le bois en tant que matériau brut, sans ajout de couches de peintures décoratives.
Enfin, le projet a développé une approche singulière concernant la question du matériau, de la filière et de la ressource. Les ensembles menuisés existants ont été conçus en bois exotiques dans les années 60. Quelle posture de projet de restauration à l’identique adopter au regard des enjeux contemporain et des valeurs patrimoniales ?Le projet de restauration propose de réaliser les greffes de bois en réparation et les parties neuves des châssis en chêne issu des forêts vosgienne, une ressource plus locale et à l’impact environnemental mesuré. Cette alternative a nécessité un travail détaillé de compatibilité des essences et de tests d’échantillon de teinte afin d’assurer une intégration harmonieuse.Cette disposition a été reçue positivement par les services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, de la Fondation Le Corbusier et de la copropriété.