Achevé en 2010, le Centre Pompidou Metz dessiné par Shigeru Ban est très vite devenu une icône architecturale pour la ville, la région, le pays. Ce besoin de création d’une salle de restauration supplémentaire sur la terrasse est un moyen rationnel de répondre à la fréquentation du restaurant, mais l’idée d’intervenir sur un tel bâtiment n’est pas dénuée d’enjeux : l’intervention est extérieure, visible, elle en modifie les façades, la volumétrie.
Comment construire une extension de 100m2 du Centre Pompidou Metz ? Une «plume» au regard du colosse à l’architecture audacieuse. Comment intervenir sur une telle œuvre? Comment se positionner?
Nous avons choisi l’attitude de la mise à distance, du détachement. Cette indépendance est pour nous la meilleure manière de régler les questions d’identité et d’amalgame entre ces architectures qui cohabitent. Notre approche se veut précise, sensible, fine. Nous avons un profond respect pour l’œuvre de Shigeru Ban. La greffe que nous proposons respecte ce caractère, ce patrimoine tout en lui conférant une valeur spécifique, une identité propre.
L'édicule est un monolithe de verre, transparent et léger qui évite radicalement les matériaux et le vocabulaire propre au musée. Il échappe ainsi à tout mimétisme ( le bois, les masses blanches et les fenêtres cadrées).
Ainsi, ses façades sont abstraites, immatérielles. Elles se composent de reflets, de transparences, de brillances. Le toit n’existe pas, les façades vitrées masquent sa tranche.
33 lames blanches fines et élancées (poteaux ou menuiseries?) forment la structure qui ceinture et élève cette alvéole.
La nouvelle salle n’apparaît pas comme une extension, mais comme un objet autonome qui évite tout contact avec son environnement. Le musée est préservé, la nouvelle salle est simplement posée, et sera peut être un jour déposée tout aussi simplement.
L’ambiance créée par la nouvelle architecture est un microcosme auquel est associé l’ensemble de la terrasse. La volumétrie est sobre mais nous avons fait le choix d’une identité propre pour les revêtements. 3 savoir-faire artisanaux et locaux ont été convoqués pour tenter d’imprégner ce bâtiment de sa terre d'accueil, la Lorraine.
le verre, le cristal
A travers les époques, la Lorraine s’est distinguée sur sa grande maîtrise du matériau verre et de ses dérivés comme le cristal. Les façades de la nouvelle salle sont composées d'importants volumes verriers dont certains sont bombés, pincés par un nuage de points sur la charpente métallique. La forme brillante, ponctuée et ronde rend hommage au savoir faire verrier lorrain, d'Emile Gallé, Daum, Baccarat, Saint Louis ou Meisenthal.
la céramique, la faïence
De Lunéville à St clément, en passant par Longwy, l'art de la céramique, de l'émail, de la faïence fait également partie du patrimoine culturel lorrain. C'est au sol que ce savoir-faire trouve une évocation : parfaitement continu entre la terrasse et le sol de la nouvelle salle, l'unité de ce revêtement est affirmé par le motif géométrique singulier qui compose la mosaïque des dalles céramiques.
le textile, le tissage
L’essor du textile dans les Vosges au 19e et 20e siècle trouve également ici un écho. Les particularités liées aux techniques de tissage et à l’identité des motifs rendent ces ouvrages clairement identifiables. Un grand rideau blanc permet d'envelopper l'espace intérieur et résoudre les problèmes de surchauffe et d'éblouissement. Cette pièce unique a été tissée dans les ateliers de la maison « Garnier Thiébaut » à Gérardmer. Le motif géométrique, tramé en blanc sur blanc, apparaît subtilement, en filigrane, par le jeu de brillance des fils aux orientations diverses.
A travers 3 niveaux de surfaces (vitrage, sols et voilages) ces trois savoir-faire lorrains typiques sont évoqués et mis en tension par le prisme des trames graphiques contemporaines qui les composent (conçues en collaboration avec le graphiste Morgan Fortems.